Noyade sensuelle / nouvelle érotique

Résultat de recherche d'images pour "image bunker sur le sable été"NOYADE SENSUELLE

Cette fois encore la maison de vacances tient ses promesses. L’odeur des pins, les courbes suaves des dunes au bout du chemin, la chaleur, l’océan infini à perte de vue dans le ciel d’azur, pimentent l’atmosphère d’une odeur sucrée, lui faisant penser à la peau de Marie. Le lieu était fait pour eux. Elle est partie, sans un mot. Il ne lui reste que les images, les sensations.
Avant d’ouvrir les portes-fenêtres de la chambre, Paul se déshabille. Devant le grand miroir, il s’observe. Son corps nu, doré, imberbe, musclé mais pas trop, sa barbe naissante, ses cheveux coupés courts pour masquer ses boucles blondes sont à l’image des efforts faits pour elle. Il se déteste. Tout ça pour ça.
Bras ouverts, tête jetée en avant pour faire sienne la force des éléments, Paul se poste face à l’immensité, sur le balcon qui domine la plage. Son sexe en érection. Il le veut triomphant pour conjurer le sort. Un poids en moins dans la valise de ses souvenirs. Il file sous la douche et ouvre le jet au maximum. Dans une fulgurance adolescente, il se caresse et, dans un cri entre jouissance et abîme, éjacule en se rappelant de la sensation de ses seins là, juste là. Il n’a plus de larmes pour pleurer. Juste son esprit pour calmer son corps et son corps pour y croire à nouveau.
A l’endroit habituel, au creux de la dune, Paul s’installe. La canicule encore étouffante de cette fin d’après-midi lui convient. Le voile brumeux, la lumière presque blanche, les corps nonchalants, l’été est bien là. Il aime regarder les perles de sueur couler le long de son torse et sentir l’odeur des huiles solaires qui s’entremêlent. Marie détestait ça. Elle passait sa vie sous la douche ou blottie devant le ventilateur. Pourtant, elle acceptait quand, aux soirs d’été trop chaud, il léchait le creux de ses fesses encore humides avant de la caresser de sa langue avide. Elle se laissait faire. Il jouissait, presque malgré elle. Leurs habitudes suffisaient à son bonheur. Comment faire autrement ?
La foule estivale se dissipe peu à peu. Paul avance à pas lents vers l’écume sauvage de la mer montante. Au bord de l’eau, deux jeunes femmes se préparent. Leur rire envahit l’espace, porté par le vent naissant. Au détour d’un souffle plus fort, la serviette de l’une d’elle se soulève laissant apparaitre son mont de vénus, sombre et délicat. Séduit et un peu gêné de voler cette part d’intimité sans y être invité, Paul sourit. Leurs regards se croisent. La jeune femme ne baisse pas les yeux et d’un geste sensuel fait remonter sa jupe, lentement, jusqu’au creux de sa taille. En silence, continuant sa marche, Paul savoure les courbes érotiques de ce corps bronzé, sensuel et généreux. Des mollets au sommet de son crâne, des frissons l’électrisent. Il ferme les yeux et s’enfonce dans un tourbillon engourdissant de fraicheur. D’une nage rapide, il s’éloigne et dans une énergie retrouvée, accélère le rythme pour atteindre la première bouée. En vain. Une immense crampe le saisit et c’est l’océan tout entier qui l’emporte dans ses vagues vengeresses.
La suite ira très vite. De loin, en loin, Paul se souvient d’une main qui le saisit, d’une peau inconnue sur la sienne, de ses poumons qui brulent, du sable rugueux sur son corps, de l’eau salée sortant de sa bouche, de la tape amicale du maître-nageur, du sourire de la jeune femme lui rendant ses affaires. Plus de peur que de mal.
Nu, calé sur un des transats de la terrasse, Paul sirote un blanc sec et admire la pleine lune en écoutant la radio. Il frissonne et rit de son imprudence en repensant à sa mésaventure. Des tubes d’hier et d’aujourd’hui tournent en boucle, il reconnait la chanson de Marie et se souvient de leurs nuits d’amour. Il voudrait oublier son corps, conjurer le sort en s’abandonnant à d’autres plaisirs mais sortir ne lui dit rien. Draguer sur la plage, encore moins. Pour calmer son excitation, il attrape une cigarette. Dans le paquet, un bout de papier. Il le déplie et déchiffre : “ Au sauvé des eaux – Naïade facétieuse et gourmande vous attend pour des jeux sensuels – une heure du matin – bunker derrière la dune ”
Amusé, Paul essaye de comprendre. Qui est-ce ? La jeune femme sur la plage, douce et
sensuelle ? Comment aurait-elle pu accéder à ses affaires ? Celle qui lui a rendu son sac, fine et musclée ? Une inconnue ayant profité de son désarroi ? Ses souvenirs sont trop vagues pour tenter de trouver une réponse cohérente. Dubitatif, Paul se ressert un verre. Il saisit son livre d’énigmes mais bute sur l’exercice numéro cinq. Son esprit déraisonne, happé par le morceau de papier posé devant lui. Il doit savoir. Son corps tout entier le lui réclame.

Assis sur un tabouret de fortune, Paul attend dans les vestiges du bunker depuis de longues minutes. Il fait chaud, trop chaud. Le vent du sud siffle dans les interstices et un léger bourdonnement donne au lieu une atmosphère irréelle. Il enlève son tee-shirt et s’apprête à quitter les lieux. La farce n’a que trop duré. Un bruissement l’interrompt. Elle est là. Elle est venue. Paul ne bouge plus.
« Ne te retourne pas » lui dit-elle dans un chuchotement suave. Paul s’exécute avec regret pendant qu’elle noue un bandeau autour de ses yeux, bien calée derrière lui. Tous les sens de Paul sont en éveil. Il sent ses seins tendus contre sa peau, son souffle dans sa nuque, ses cheveux soyeux le long de son dos. Elle cale sa tête sur son épaule droite. Elle sent la cannelle. Dans un flot régulier, elle lui susurre des mots crus et gourmands puis, elle se tait et d’un mouvement léger, se poste devant lui, saisit ses mains et les dirige vers ses seins, le long de son ventre, de ses fesses et doucement, lentement, vers son sexe mouillé.

“ Bel inconnu, je voudrais que tu me prennes et que tu me fasses jouir, que tu ne penses plus qu’à moi. Je voudrais m’entendre gémir juste en respirant ton odeur”.
Paul a envie d’elle, il se lève pour la prendre dans ses bras. D’un geste soudain, elle s’écarte, éloigne ses mains et quitte les lieux sans un mot de plus. Paul respire fort et met du temps à comprendre.
Depuis le creux de la dune où elle s’est blottie, l’inconnue l’observe sans être vue. La nuit est claire. Il a gardé son bandeau, il se masturbe. Elle a gagné, il est à elle. Elle veut jouir avec lui. Avant de partir, elle se caresse sans le quitter des yeux jusqu’au plaisir étourdissant.
Paul ne rentre pas tout de suite. Il pense à cette inconnue dont il ne sait rien. Il a l’impression de devenir fou. Les mots crus glissés à son oreille comme d’une promesse trop belle tournent en boucle : « J’ai envie de ton corps, de découvrir ta queue avec ma langue, de sentir ton sexe dur, te voir embrasser mes lèvres goulument, m’offrir à toi, t’accueillir en moi. ».
Il marche le long de la plage dans cette nuit brûlante jusqu’au petit matin et sombre dans le sommeil pour ne se réveiller qu’au milieu de l’après-midi. Il retourne à la plage, au même endroit que la veille. Il la cherche, tente de la reconnaître au milieu de ses corps dorés, huilés. Il tente de croiser un regard, de reconnaître son odeur. Dans la chevelure chatoyante et les seins généreux d’une femme solitaire, il croit la reconnaître. Elle ne répond pas à son sourire évocateur. Il se résigne, attend la nuit avec espoir.

Fébrile, Paul s’est installé sur le même tabouret, les yeux bandés. Et si elle ne revenait pas ?
Depuis la dune, l’inconnue l’observe. Elle jubile de le savoir là et prend son temps. Après de longues minutes, elle arrive enfin. Elle aime ce corps qui l’attend. Cet homme qui la désire. Paul reconnaît son odeur de cannelle dès qu’elle arrive. Les moindres pores de sa peau sont en émoi. Pourtant, il se tait. Sans un mot, elle se poste devant lui. Elle l’envisage et d’un frôlement, l’incite à se lever, le guide pour qu’il la déshabille. Paul s’exécute. Elle exulte. Lentement, il dénoue le lien de son paréo. Elle frissonne de désir à mesure qu’il lui caresse le dos, glisse ses doigts fins le long de son corps. Elle le veut, se rapproche de lui et lui ôte ses vêtements.  Elle embrasse son torse nu, humide, lèche sa peau comme on déguste un met précieux. Son grain de peau est doux, lisse, sensuel. Sa sueur a le goût sauvage du musc. Dans une gourmandise délicate, elle lui mordille les lèvres, lèche son oreille pendant que d’un geste langoureux elle lui saisit les fesses.  Elle jubile en devinant son sexe dur contre elle. Pour le posséder davantage, et ne le quittant pas des yeux, elle avance délicatement son doigt vers une zone jusque-là jamais explorée. Elle le pénètre doucement. Paul pousse un petit cri de surprise. L’inconnue sourit et se retire en l’embrassant à nouveau. Paul la retient près d’elle.
Dans un mouvement de danse, elle lui saisit la main et le guide hors du bunker, au creux de la plage déserte. A l’ombre de la lune imposante, leurs silhouettes se dessinent. A son invitation, Paul s’allonge sur le sable, bercé par le flot des aller-venus de la mer montante.
Elle sait qu’il est à elle, elle le dévisage et s’accroupit au-dessus de lui comme pour mieux le posséder. Dans un va et vient sensuel, elle frotte son sexe humide contre sa queue en caressant son torse de ses longs cheveux. Paul s’abandonne au plaisir et enfonce ses mains dans le sable humide.
Petit à petit, elle remonte son bassin jusqu’à sa bouche entrouverte et lui offre ses lèvres, sa chatte enivrée. Timidement, la langue de Paul s’immisce. Elle frémit. Il poursuit son chemin et vient flatter son point sensible. Elle bouillonne. Elle a le goût des fantasmes interdits. Il a la douceur et l’énergie d’un amant affamé.
D’un mouvement, son corps bascule. Elle crie en inondant son visage puis, avant même que Paul ne tente de la saisir, elle se retourne, lui offrant sa croupe cambrée. Sa bouche douce et chaude vient embrasser sa queue. Puissante, longue, nerveuse, elle l’apprivoise, l’envisage comme un animal sauvage. Lentement, sa langue passe sur ses bourses puis les aspire goulûment. Elle voudrait qu’il explose.
Paul se retient de jouir. Les grains de sable emportés par le vent fouettent leurs corps d’une brise légère. Gourmande, elle avale son membre tendu de plaisir, enfonce sa queue dégoulinante dans sa bouche immense, resserre ses lèvres pulpeuses sur son gland. Elle s’arrête avant qu’il ne jouisse.
« Je veux te voir » lui dit-il en enlevant son bandeau. Elle se retourne et le toise du regard. Paul ne reconnaît pas son visage. Pourtant, il veut la saisir, lui appartenir, plus que jamais. D’un geste sûr, elle saisit sa verge et sur les pointes de ses seins gonflées par l’excitation, elle le caresse, vite, encore plus vite. Sans le quitter du regard. Elle regarde Paul jouir et inonder en saccades sa poitrine de son foutre brûlant.
La nuit s’éteint, le vent se fait plus fort. Allongé près d’elle, Paul se nourrit de son odeur, mélange de saveurs sucrées, en se noyant dans sa chevelure sombre, généreuse, merveilleuse. L’inconnue tient sa queue dans sa main, comme un trophée et rit en apercevant des promeneurs égarés. Elle aime être vue. Ils rebroussent chemin.
Se dégageant de son étreinte, Paul se lève en titubant et s’avance dans l’eau fraiche. Le mouvement des vagues sur la plage, le bruit de la mer qui se déchaîne au grès de la marée éveille ses sens déjà exaltés.
Il se tient debout face à elle. A sa demande, elle le rejoint. Sa silhouette se dessine dans la brume de l’aurore. Il observe sa démarche. Elle ne le quitte pas des yeux et dans un roulement de hanche, exhibe son corps, ses seins, ses fesses comme une nouvelle promesse. Elle sourit en voyant Paul exulter. Son désir l’excite. Elle se sait magnifique. Face à lui, elle s’agenouille et lui saisit son dard dressé. Ses seins effleurent l’océan qui monte, peu à peu, augmentant son envie d’être à lui.
Paul lui tient la tête et accompagne ses mouvements de “vas-y” qui le surprennent. Cette fille le rend dingue. A ses mots, elle se relève. Elle noue ses mains derrière sa nuque et saute sur lui en l’enserrant à la taille de ses cuisses musclées.
Pour la première fois, Paul la pénètre. Elle crie. Passant de la fraicheur océane à la douce chaleur humide de son sexe, chaque spasme lui arrache un soupir de plaisir. Elle s’accroche à lui, ondule avec nervosité. De sa langue, il déguste maintenant ses seins, les mordille, les respire. Ils ont le goût du sel et des algues. Elle s’offre sans retenue, mêlant ses cris aux bruits de l’océan.
Pourtant, au seuil de la jouissance, elle relâche son étreinte et s’avance vers le sable. Elle s’allonge en chien de fusil au bord de l’eau. Paul se blottit contre elle. Le temps semble s’être arrêté. Lentement, elle saisit sa queue et la dirige vers le plus étroit de ses puits de plaisir. Le corps de Paul se tend. Les vagues fouettent son dos. Il la pénètre doucement. De ses mains, elle l’aide à mieux glisser en elle. Dans des mouvements lents et langoureux, leurs corps s’épousent à mesure que ses ongles meurtrissent ses fesses. Paul maintient fermement ses seins pendant qu’elle se caresse. Leurs respirations se font plus saccadées et dans un râle puissant, ils jouissent avant de s’abandonner au bord de l’océan.

Les yeux fermés, apaisée, elle est allongée face à lui. Les grains de sable mouillés sur sa peau, sa longue crinière échevelée sont les esquisses d’un plaisir dont Paul ne voudrait plus se libérer. Il ne la quitte pas des yeux. Il voudrait l’entendre jouir, encore, explorer la moindre parcelle de sa peau, se coucher au plus près d’elle et s’endormir avec son odeur. Toujours. Est-il possible de n’aimer qu’un corps ?
Il voudrait lui demander son prénom, s’entendre lui dire « à ce soir ? ». Pourtant, il ne fait rien quand, d’un geste rapide, sans un mot, elle se lève, le regarde comme pour la première fois et s’éloigne, derrière la dune éclairée du soleil naissant. Paul reste là, attendant que la mer recouvre son corps encore tout ébahi par cette nuit d’ivresse.

C’est comme s’il savait, comme si tout était dit. Pourtant, trois soirs durant, à une heure du matin, il est là. Assis sur son tabouret, les yeux bandés. Il l’attend, la guette. En vain. Il a beau chercher, errer de ci, de là, à la recherche d’un corps, d’une silhouette, d’une odeur, de dune en dune, aucune trace, aucun message.

Il est temps de rentrer, l’errance n’a plus sa place. Paul ferme les volets de la maison de vacances, jette un dernier coup d’œil sur le bunker. Marie n’est plus qu’une pâle pensée. Il ne reviendra plus sur les vestiges de cet amour fané. Lui reste les sensations et le souvenir de cette belle inconnue. Comme un cadeau, une rêverie pour les nuits d’hiver.

Sa vie, entre bouche de métro, bureau surchauffé et sortis entre amis a repris son rythme. Paul est passé à autre chose. Il sait qu’il peut aimer à nouveau. Il se sent léger, libéré de son corps avide.
Pourtant, en ouvrant sa boite à lettres ce jour-là, tout en lui frissonne. Sur un bout de papier un simple message : « Deux heures du matin, entrée du métro Duroc »

Emmanuelle Hourmat – avril 2018

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