« Cela demande de l’humilité ou de l’arrogance d’écrire un roman ? »
Cette question lancée à la volée par un voisin de comptoir curieux de me voir griffoner sur mon manuscrit, résonne en moi depuis plusieurs mois.
Sur le moment, je n’ai su quoi lui répondre. Je n’avais en tête que les corrections en cours.
J’aurais préféré qu’il me demande d’où avait surgit l’idée, comment s’appelait mes personnages, quel en était le thème ?
J’ai levé la tête et lui ai souris en haussant les épaules. Que répondre ?
Aujourd’hui pourtant j’y pense encore. « Les deux » ; j’aurais du lui répondre « les deux ».
Il faut une certaine arrogance pour se jeter dans le bain et assumer, décider d’aller jusqu’au bout d’une histoire. Il faut aussi un soupçon d’insolence pour prendre la plume et s’insérer dans la multitude des autres plumes en espérant, l’air de rien, que l’on vous lise, que l’on vous dise « bienvenue ».
Mais à mesure que les souvenirs reviennent, je sais à quel point il faut de l’humilité et de la ténacité. Comment ne pas se sentir toute petite devant la page blanche, devant l’intrigue qui se noue et se dénoue ? Les personnages eux-mêmes vous le rappellent sans cesse.
Car oui, à mesure que leurs contours s’affinent, ils vous interpellent, vous interrogent, vous suggèrent de faire demi-tour ou de prendre un chemin de traverse.
Mon idée est née d’un voyage en train, entre Paris et Bordeaux, un petit matin de brume.
A mes côtés, des passagers endormis, en main, une carte postale, dans les oreilles, un concerto de violon.
Jules, mon personnage principal, a surgit assez vite, peu après le passage d’un contrôleur un peu rêveur. Allez savoir pourquoi ?…
Son univers sensible s’est construit de voyage en voyage et s’est finalement posé en Alsace, au coeur de la vallée de la Bruche.
Ainsi, de minutes volées pendant le petit-déjeuner aux soubressauts des trajets quotidiens en bus ; de soirée en soirée, de pause déjeuner en long trajet en train, de séjour en Alsace en soirées au coin du feu, l’histoire s’installa finalement comme une évidence obsessionnelle.
L’ancrage était là, l’idée ténue du démarrage un fil d’ariane à remonter !
(à suivre)

Ca me fait penser que j’ai un manuscrit qui m’attend et que je me sens encore toute petite face à lui. Ceci dit, très intéressant billet. C’est plaisant aussi de voir qu’une image fugace, une sensation, des petits riens aboutissent à tout un roman 🙂
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Un beau manuscrit que j’espère tu auras réussi à satisfaire 😉
parfois les chemins et les histoires partent de « petits rien » . tout comme un roman s’écrit page à page, mot après mot 😉
au plaisir de te lire chère Laurence ! A bientôt
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