Condamnés à être lâches ?

En sortant ma poubelle ce soir, je suis tombée, non pas sur le trottoir, mais sur le nouveau lot à ouvrir.
En déchiffrant les arguments de vente, je me suis interrogée sur les liens. Non pas ceux qui retiendront les déchets à venir, mais sur ceux, petits ou grands que l’on construit et déconstruit tout au long de sa vie. Sont-ils aussi coulissants que le dit ce slogan ? Ont-ils forcément autant d’épaisseurs ? Garantissent-ils des fuites ?
Cela m’a laissé perplexe.

Quand de passage à la caisse, je tente d’échapper à la morosité ambiante en imaginant la vie « d’après » de la caissière et que je me lance dans un échange ? Suis-en train de créer du lien ? De quelle épaisseur est-il ?
Quand, dans la rue, je passe sans regarder une personne à terre quémandant quelques pièces ? Suis-je dans la fuite ?
Quand devant un aéropage de personnes défendant des valeurs humanistes, personne ne réagit au discours humiliant dont je fais l’objet ? Le lien qui les unit est-il coulissant au point de se défaire ?

Sommes-nous condamnés à devenir lâches ? A fuir devant l’adversité ? A ajuster les liens en fonction des intérêts supposés ou imaginaires ?

« Etre libre, c’est choisir la nature de ces liens » dit la maxime. Sans doute a-t-elle raison.

Pourtant, à observer l’attitude de certains de mes semblables, je me demande comment ils se vivent libres ? Quelles peurs les terrasse, les soumet ?

Pour ma part, je n’arrive pas toujours à choisir. Comment le faire quand il s’agit d’émotions, de sentiments ? Je ne sais toujours pas, mais je m’accroche à ma liberté.
Et, en entendant j’ouvre le sac poubelle et je l’installe en me rassurant : son lien est coulissant, triple et garanti sans fuite !

 

 

6 commentaires

  1. Très beau texte Emma qui invite à la réflexion. Quant à la lâcheté, est-cela volonté de laisser un peu de leste autour du lien ? Détourner la tête quand on passe devant un SDF est-il synonyme d’un lien pudique avec la mort ou d’un lien étouffant avec un supposé pouvoir ? Tu vois, tu fais couler de l’encre et il y a des liens que l’on aime voir se nouer comme celui qui me lie à ton blog par exemple. 🙂 Bisous et bonnes fêtes !

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    1. Oui, cela laisse en suspens la question des liens, du leste et de l’élasticité de ces derniers…. de ce qui nous enlace, nous libère et nous rapproche…de ce qui fait que nous faisons et défaisons les mailles d’un même tricot littéraire, symbolique, amical ou amoureux 😉 la vie quoi ! moi aussi je t’embrasse
      a bientôt !

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  2. Bon jour,
    On est condamné à être lâche si l’on tient à notre liberté, tout simplement. Car si l’on vient en aide par effet on est dépossède d’une fraction de cette liberté.
    Et la maxime : « « Être libre, c’est choisir la nature de ces liens » on est présentement dans l’enchaînement.
    Max-Louis

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