Nous avions rendez-vous. Elle, ne le savait pas. C’est arrivé comme une pluie d’été, comme un envol de feuilles. Sans prévenir.
Nous avions rendez-vous. Je m’étais préparée, sans mot.
D’elle, souvent, on m’avait vanté les bonheurs, les douces errances.
Nous avions rendez-vous et je ne savais comment la saluer. Je l’ai pourtant fait, dès mon arrivée, d’un geste ouvert face au Grand Canal. Portée par mes hallucinations.
Aller droit au centre…mais au centre de quoi ? Une ville d’eau peut-elle être autre chose qu’un centre en mouvement ? Mes pieds ont frôlé le sol de la gare centrale. D’un regard, elle m’a fait libre et enchaînée.
Sans fléau et sans remords. Ceux que l’on porte par et pour les autres.
La voix de Barbara chante en moi et, du bout des lèvres, je voudrais lui dire « bonjour, nous avions rendez-vous. J’ai tenu ma promesse. »
Elle, ne m’entend pas, laissant aux cris des mouettes le plaisir d’être là, en écho.
Et voici l’océan qui a bercé mon enfance rejaillir dans ces bruits en cascade. Dans ce vent sur mes joues, une caresse, un geste doux entre surprise et manifeste pour la vie et le temps qui respire.
Inventer sa vie 