Jules

« Tout ce qui n’est pas porté à la conscience se transforme en destin » – C. Jung

S..Balkenhol
Oeuvre de Stephan Balkenhol

Jules,

De nuit sans sommeil en matin serein, de plume sensuelle en clavier bruyant, de balades ferroviaires en terrasse de café, j’ai écrit ton nom, j’ai inventé ta vie.
Je t’ai imaginé enfant, je t’ai vu courir après les papillons, je t’ai entendu pleurer dans les bras de ta mère et sourire en découvrant ton premier violon.
J’ai fait la connaissance de ta famille. J’ai aimé ta grand-mère, ton père, tes sœurs. J’ai ri avec tes amis et dansé avec tes collègues.

Et puis je t’ai maudit en arpentant les rues de Strasbourg, je t’ai détesté en ne sachant où t’emmener, j’ai eu peur en te sentant tremblé, j’ai pleuré en écoutant ta musique, j’ai rêvé en imaginant ta vie.
Peu à peu, j’ai découvert ton visage, entendu ta voix. Dans les méandres des lignes de fuite qui s’alignaient sur mon écran, j’ai frissonné avec toi, j’ai hésité avec toi, j’ai espéré avec toi.
Dans les soubresauts de mes voyages en train, j’ai cherché ton visage, j’ai guetté ta silhouette, j’ai deviné ton odeur.
Je n’ai plus réussi à te quitter.

Dire au-revoir est parfois difficile. Je n’ai pas osé te trahir et pendant de longues semaines, il n’y avait que toi. Aucune autre image, aucune autre idée n’arrivait à germer au creux de mon esprit chagrin.
Ce soir, un bout de notre histoire se termine. Ce soir, je ferme la fenêtre de mon imaginaire et je pleure. Mon roman est fini.

Ce soir, je te laisse vivre ta vie.  Je te la souhaite belle. Je te la souhaite émouvante.
Il te suffira d’une rencontre. Alors, de lecteur en lectrice, j’espère que tu existeras, voyageras, les embarqueras. Ton univers est sensible, ta quête sincère, tes rêves universels.
Tu as le goût de la première fois et de la déraison, de la peur et de la joie d’y croire. Alors si je t’écris de temps de temps ne m’en veut pas. Il est des histoires que l’on n’oublie pas.

 

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