Voeux divers

Assise sur un banc, mains gelées et cœur léger, j’attends. L’air chaud, l’odeur sucrée des pierres mouillées, le cliquetis des roues de vélo sur l’asphalte, le murmure des passants qui flânent, les feuilles jaunies ont laissé la place aux bruits métalliques des agents de la ville qui démontent les décorations de noël sur le sapin géant, à la brise piquante, aux couleurs grises, ramage d’hiver.
Je suis seule, postée devant ces arbres nus et j’attends. Même les pigeons semblent avoir déserté le parvis de la cathédrale.
Les carillons qui annoncent le début du jour font écho aux clochettes des trams qui se suivent dans un rythme lent et régulier. Ma ville se révèle. A mesure des aller-venus, le bourdonnement des pas s’amplifie.
Au loin, au cœur de la lumière naissance, un vol de grues dessine sur l’horizon un triangle indiquant le sud. L’hiver s’installe.
De journaux gratuits en panneaux publicitaires, de mails automatiques en textos réjouis, les vœux de saison pleuvent comme la bruine qui enveloppe parfois l’atmosphère.
C’est le temps des promesses que l’on se fait et que l’on adresse aux autres, des engagements, des résolutions vite oubliées, des cartes virtuelles et des bons mots, parfois trop suaves.
C’est le temps des bercements, des défis, des désirs et des questionnements. C’est le temps des envies et des bilans, des « pourquoi pas ? », des « jamais plus », des « je te souhaite » et « j’espère » à ceux et celles que l’on aime, apprécie. Dommage que l’on ne s’autorise pas quelques vacheries, comment le nier, certain.e le mériterait.
La place s’active. Le brouhaha s’est installé au milieu des voitures qui s’agacent.
Et moi, je reste assise sur ce banc, je savoure le soleil de cette pointe du jour en souhaitant juste que le flot des passants ne s’arrête pas, que les histoires qui nourrissent et lient chacun.e de nous perdurent et que la nature humaine n’oublie pas et ne gâche pas la fugacité de ces doux instants.

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